Le Québec face à la pénurie d’ingénieurs : 50 000 postes à pourvoir d’ici 10 ans


Le Québec est confronté à un défi de taille : combler un manque criant d'ingénieurs au cours des 10 prochaines années. Selon les prévisions des experts, il faudra recruter pas moins de 50 000 ingénieurs d'ici 2033 pour répondre aux besoins grandissants de main-d'œuvre qualifiée dans la province.

Cette pénurie s'explique par un départ massif à la retraite des ingénieurs québécois, combiné à la difficulté de recruter une relève suffisante au sein de la population active. Les jeunes Québécois se détournent des carrières en génie, ce qui creuse le fossé entre l'offre et la demande.

Comment le Québec peut-il relever ce défi de l'embauche de 50 000 ingénieurs au cours de la prochaine décennie? Plusieurs solutions s'offrent à la province, du recrutement international à la promotion des carrières en génie auprès des plus jeunes. Tour d'horizon des mesures à prendre pour éviter une aggravation de la pénurie d'ingénieurs.

1. Une pénurie criante de talents et de compétences

Le constat est sans appel : le Québec manque cruellement d'ingénieurs qualifiés sur son territoire. Chaque année, des milliers de postes restent vacants faute de candidats ayant les compétences et l'expérience requises.

Selon l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), seulement 35% des nouveaux diplômés des programmes de génie acceptent leur première offre d'emploi dans la province. Le reste quitte vers d'autres horizons offrant de meilleures perspectives ou salaires.

"Il est impératif d'attirer plus de jeunes vers les carrières en génie si nous voulons éviter une aggravation de la pénurie de main-d'œuvre dans ce secteur névralgique de l'économie québécoise." - Président de l'OIQ

Le nombre insuffisant de diplômés en génie est en partie responsable de cette situation. Les universités québécoises ne forment pas assez d'ingénieurs pour répondre à la demande. Et la tendance n'est pas près de s'inverser.

Les jeunes Québécois se détournent des programmes de génie

Ces dernières années, les inscriptions dans les facultés de génie au Québec sont en chute libre. En 2018-2019, on comptait 35% d'étudiants en moins dans ces programmes par rapport à 2014.

Plusieurs facteurs expliquent ce désintérêt :

  • Manque de sensibilisation aux métiers de l'ingénierie dès le plus jeune âge
  • Perception erronée des carrières en génie (milieux majoritairement masculins, travail solitaire, etc.)
  • Programmes exigeants qui rebutent certains jeunes

Il est urgent d'inverser cette tendance si le Québec souhaite former la relève dont son économie a désespérément besoin.

Résultat : des milliers d'offres d'emploi non pourvues chaque année

Conséquence directe du manque de vocations en génie : des milliers d'offres d'emploi peinent à trouver preneur au Québec.

En 2019, pas moins de 6500 postes d'ingénieurs sont restés vacants dans la province. Et la situation ne fait qu'empirer. Rien qu'en 2022, l'OIQ estime que plus de 9000 emplois en génie n'ont pas été pourvus.

Ce gâchis de talents et de compétences pénalise lourdement l'économie québécoise. Il est plus que temps d'agir.

2. L'immigration, une solution incontournable

Pour combler rapidement le manque d'ingénieurs, le Québec n'a d'autre choix que de miser sur l'immigration des talents étrangers. Les travailleurs immigrants représentent déjà 17% des ingénieurs en exercice dans la province. Ce chiffre devra augmenter de façon significative au cours des prochaines années.

Le recrutement à l'étranger, indispensable

Attirer des ingénieurs expérimentés en provenance d'autres pays s'impose comme LA solution pour répondre aux immenses besoins du marché du travail québécois.

Ces professionnels possèdent souvent des expertises pointues correspondant aux qualifications recherchées par les employeurs d'ici. Ils constituent donc un vivier de talents inestimable.

Toutefois, le Québec doit revoir sa stratégie de recrutement international pour drainer plus efficacement les meilleurs profils.

Assouplir les critères d'immigration

Pour faciliter l'arrivée d'ingénieurs étrangers, le gouvernement québécois doit assouplir certains critères d'immigration :

  • Accélérer le traitement des demandes pour éviter que les candidats se tournent vers d'autres provinces
  • Revoir à la baisse les seuils de français exigés à l'arrivée
  • Bonifier l'accompagnement des nouveaux arrivants pour leur intégration

Mettre en place des incitatifs ciblés

Le Québec doit également mettre en place des incitatifs concrets pour convaincre les meilleurs profils de s'établir chez nous :

  • Offrir des salaires compétitifs
  • Proposer des avantages attractifs (logement, couverture médicale, garderie, etc.)
  • Faciliter l'immigration des conjoints et des familles

3. Agir sur l'ensemble de la chaîne de compétences

Pour s'attaquer à la racine du problème, le Québec doit également agir en amont en stimulant l'intérêt pour les carrières en génie dès le plus jeune âge. Il faut aussi revoir la formation des ingénieurs locaux.

Promouvoir les carrières en génie dès le jeune âge

Les efforts doivent commencer dès l'école primaire et secondaire. Il faut mieux faire connaître les métiers de l'ingénierie auprès des jeunes via :

  • Des campagnes de promotion dans les écoles
  • Des rencontres avec des ingénieurs
  • Des visites d'entreprises technologiques

L'objectif : déconstruire les mythes entourant ces carrières et donner le goût des sciences dès le plus jeune âge.

Augmenter le nombre de diplômés en génie

Les universités québécoises doivent impérativement augmenter le nombre de leurs inscriptions dans les facultés de génie.

Plusieurs pistes peuvent être explorées :

  • Réserver des places aux étudiants étrangers
  • Assouplir les critères d'admission aux programmes de génie
  • Bonifier le financement des universités en fonction du nombre de diplômés

Avec plus de 2000 diplômés de plus par an, l'impact sur l'emploi sera significatif.

Faciliter la reconnaissance des diplômes étrangers

Actuellement, de nombreux ingénieurs formés à l'étranger abandonnent leur demande d'immigration face aux délais et aux coûts pour faire reconnaître leurs diplômes et leur droit de pratique au Québec.

  • Accélérer les délais de traitement des dossiers
  • Réduire les frais de reconnaissance d'équivalence
  • Assouplir les examens obligatoires

Offrir des salaires compétitifs

Les ingénieurs immigrants doivent pouvoir prétendre aux mêmes salaires et avantages sociaux que les travailleurs locaux, à expérience égale.

Il faut en finir avec la discrimination salariale trop souvent subie par les travailleurs étrangers. Des mesures doivent être prises pour forcer les employeurs à offrir une rémunération juste et équitable.

Conclusion

Le Québec n'a pas le choix : pour pourvoir les 50 000 postes d'ingénieurs qui s'ouvriront au cours des 10 prochaines années, il doit prendre le taureau par les cornes.

Attirer plus de travailleurs immigrants, stimuler l'intérêt des jeunes pour ces carrières, améliorer la formation des ingénieurs locaux : toutes ces actions sont indispensables pour relever ce défi de taille.

L'avenir économique du Québec est en jeu. À nous de mettre en place dès maintenant des solutions durables avant qu'il ne soit trop tard.

Questions fréquemment posées

Combien d'ingénieurs le Québec devra-t-il recruter d'ici 10 ans ?

Le Québec devra recruter 50 000 ingénieurs d'ici 10 ans pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Pourquoi observe-t-on une baisse des inscriptions en génie dans les universités québécoises ?

Plusieurs facteurs expliquent le désintérêt des jeunes Québécois pour les carrières en génie : manque de promotion de ces filières, perception erronée des métiers, programmes trop exigeants, etc.

Quels sont les avantages de recruter des ingénieurs immigrants ?

Les ingénieurs immigrants apportent souvent une expertise pointue et une expérience recherchée par les employeurs québécois. Ils représentent un vivier de talents indispensable.

Comment faciliter l’intégration des ingénieurs immigrants ?

Il faut accélérer le traitement des demandes d’immigration, revoir les critères d’exigence linguistique, et offrir un meilleur accompagnement des nouveaux arrivants.

Que peuvent faire les universités québécoises pour former plus d’ingénieurs ?

Les universités doivent augmenter le nombre de leurs inscriptions en génie, notamment en recrutant plus d’étudiants étrangers et en assouplissant les critères d’admission.

Pourquoi est-il important d’offrir de bons salaires aux ingénieurs immigrants ?

Des salaires compétitifs sont nécessaires pour attirer les meilleurs profils et éviter la discrimination salariale trop souvent subie par les travailleurs étrangers.

Conclusion

Le Québec fait face à un immense défi de recrutement d'ingénieurs au cours des prochaines années. Pour y faire face, une stratégie globale est nécessaire : miser sur l'immigration, stimuler l'intérêt des jeunes, améliorer la formation locale et offrir des conditions attractives aux talents étrangers. L'avenir économique de la province est entre nos mains !

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